
Une génération en quête de sens
Autrefois perçu comme un accomplissement personnel et un passage obligatoire vers l’indépendance, le travail n’est plus le même moteur pour les jeunes générations. Le rapport à l’emploi a profondément changé, laissant place à une véritable quête de sens. Aujourd’hui, de nombreux jeunes ne veulent plus simplement gagner leur vie, ils veulent également qu’elle ait un impact. Une étude réalisée par le Centre d’Etudes et de Recherches sur les Qualifications (CEREQ, 2023) montre que 62% des jeunes actifs estiment que l’utilité sociale de leur emploi est plus importante que la rémunération. Une enquête plus récente menée par l’Observatoire sociétal des entreprises et Ipsos en 2024 révèle que 91% des jeunes estiment qu’avoir un travail qu’ils apprécient est essentiel pour leur bonheur, et 85% considèrent que réussir sa vie professionnelle est un objectif majeur (Ipsos, 2024).
La remise en cause du modèle traditionnel
Le CDI, autrefois perçu comme le Graal d’une carrière réussie, ne fait plus rêver. Pour beaucoup, il symbolise davantage une prison qu’une sécurité. Selon une étude de la DARES (2023), près d’un jeune sur deux ne cherche pas forcément à signer un CDI et préfère explorer d’autres pistes, comme le freelancing, le télétravail à 100% ou encore l’entrepreneuriat. Un rapport publié par France Travail en 2024 souligne que 44% des jeunes ne savent pas s’ils souhaitent exercer le même métier toute leur vie, et seuls 26% se projettent dans la même profession à long terme.
Un travail à impact social avant tout
La nouvelle génération ne se contente plus d’un travail bien payé, elle veut qu’il soit utile et aligné avec ses valeurs. Les grandes entreprises sont souvent jugées trop rigides, trop tournées vers la rentabilité, au détriment de l’humain et de l’environnement. Ainsi, les secteurs les plus attractifs pour les jeunes sont ceux qui promettent un impact social ou écologique. Une étude de Vie Publique (2024) montre que 68% des 15-30 ans considèrent la rémunération comme un critère majeur, mais l’utilité sociale et l’impact environnemental de leur travail prennent une importance croissante.
Comment les entreprises tentent de s’adapter
Face à cette transformation profonde, certaines entreprises ont compris qu’elles doivent revoir leurs modèles pour attirer et fidéliser ces nouveaux talents. Certaines adaptent leur management en misant sur des conditions de travail plus flexibles. Par exemple, plusieurs grandes entreprises comme Microsoft France et Orange ont instauré des semaines de quatre jours testées avec succès. D’autres jouent sur le télétravail partiel ou total, à l’image de certaines start-ups du secteur digital.
Les valeurs et la mission de l’entreprise sont également devenues cruciales. Google a mis en place un programme incitant ses employés à consacrer 20% de leur temps de travail à des projets à impact social. De son côté, L’Oréal intègre dans ses offres d’emploi une dimension d’impact environnemental pour attirer des jeunes soucieux de leur empreinte écologique.
Enfin, certaines entreprises tentent de rendre le travail plus attractif par le bien-être et les avantages. En proposant des espaces de détente, du sport en entreprise ou des congés illimités, elles espèrent convaincre cette génération de s’investir sur le long terme.
Vers un nouveau modèle de travail
Les jeunes ne rejettent pas le travail, mais ils refusent qu’il prenne toute la place dans leur vie. Ils veulent plus de flexibilité, de reconnaissance et surtout, un emploi qui ait du sens. Les entreprises qui réussiront à s’adapter à ces nouvelles attentes seront celles qui attireront les talents de demain. Pour cela, elles doivent repenser leur mode de fonctionnement : plus de télétravail, des horaires adaptés, une meilleure prise en compte du bien-être des salariés et surtout, une réelle perspective d’évolution.
La génération actuelle ne veut plus simplement travailler pour vivre, elle veut vivre en travaillant autrement. Ce qui était autrefois une exception devient progressivement la norme. « J’aime travailler, mais je veux être libre de choisir où, comment et pourquoi », résume Julie, 26 ans, qui réalise ses missions en télétravail depuis le Portugal (Pôle Emploi, 2023). Une nouvelle façon de concevoir le travail, qui redessine peu à peu les contours du monde professionnel de demain.